Véronique Coppin : infirmière psychiatrique dans le coeur et dans l’âme

Véronique Coppin, experte-volontaire, a toujours su qu’elle voulait devenir infirmière. Après tout, les infirmières sont la force de motivation qui aide les patient·es à se réadapter au mieux de leurs capacités. Elles ont également une vue d’ensemble ; elles sont les seules à être aux côtés du patient 24/7, étant les yeux du médecin et l’avocat du patient.

Véronique a déjà effectué 24 missions pour Médecins Sans Vacances dans plusieurs centres neuropsychiatriques au Burundi et en RD Congo. Sa dernière mission date de mars 2024. Elle s’est alors rendue au centre neuropsychiatrique de Sosame (RD Congo). Vous pourrez lire dans son témoignage saisissant comment elle y a travaillé avec les femmes violées pendant la guerre qui fait rage depuis des années en RD Congo.

Comment feraient les patient·es sans les infirmier·ères ? C’est incontestable, ces soignants sont un maillon essentiel dans les soins.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 50 % des professionnels de la santé dans le monde sont des infirmières. Et saviez-vous qu’un·e infirmier·ère est présent·e dans 80 % des missions de Médecins Sans Vacances (MSV) ? D’ailleurs, 40% de nos expert·es-volontaires font ce métier. Qu’il s’agisse d’un départ de Belgique ou d’un pays voisin d’Afrique ; qu’il s’agisse d’une équipe composée uniquement de collègues africains ou d’une équipe mixte se réunissant sur place… sans infirmier·ères, nous ne pourrions pas accomplir complètement nos missions !

Parce que le 12 mai est LA journée internationale qui les met à l’honneur, Médecins Sans Vacances s’est entretenu avec ceux et celles qui sont au chevet des patient·es.

Les infirmières sont le moteur de la clinique

Veronique: J’ai su dès l’enfance que je voulais être infirmière et je n’ai jamais vraiment envisagé autre chose. C’est un métier génial ! Il n’y a pas de métier qui offre plus d’opportunités et qui soit plus polyvalent que celui d’infirmière. Et en tant que volontaire pour Médecins Sans vacances, je peux aussi faire de mon métier mon hobby. C’est hautement recommandé.

Dans les formations que je donne aux jeunes infirmier·ères en Afrique, je leur dis souvent que nous sommes les yeux du médecin et l’avocat du patient. Mais nous sommes bien plus que cela. Nous sommes le moteur de la clinique et, surtout, la force de motivation qui aide les malades à se réadapter au mieux de leurs capacités. Car sans les infirmier·ères, nous ne réussissons pas. Nous avons une vue d’ensemble : notre avis est sollicité et apprécié par tous les membres de l’équipe pluridisciplinaire. Nous sommes les seuls à être aux côtés du patient 24/7. Notre avis compte !

S’il y a une chose positive qui est ressortie de la pandémie de Covid, c’est que plus personne ne doute du caractère indispensable, de l’importance et de la signification de la profession d’ infirmier·ères. Nous avons montré au monde entier que nous pouvions faire la différence. Les soins infirmiers ont retrouvé leur place sur la carte et j’en suis très heureuse !

Les applaudissements que les infirmier·ères ont reçus lors de la pandémie de Covid ont été véritablement gratifiants. Pourtant, nous sommes frustrés par l’absence d’une véritable reconnaissance. Depuis des années. Et ce n’est pas seulement vrai en Belgique, mais partout dans le monde. N’est-il pas extrêmement bizarre d’entendre mes collègues infirmier·ères africaines exprimer les mêmes frustrations ?

Puiser de l’énergie pour les missions en Afrique

Véronique : Je mentirais si je disais que la profession d’infirmière n’est pas une profession difficile. Il faut beaucoup d’énergie pour accomplir le travail difficile qui vous est demandé jour après jour. Après tout, à l’hôpital, on est un touche-à-tout. Pour pouvoir transmettre cette énergie à quelqu’un d’autre, il faut aussi se nourrir.

Je retrouve cette énergie en surplus lorsque je me rends en Afrique. Comme on y travaille dans des contextes très simples, il est facile de transmettre ses connaissances d’infirmière d’un pays occidental et de partager des expériences pratiques sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. La gratitude des collègues et des patient·es n’a pas de prix. Mon travail pour Médecins Sans Vacances est le carburant qui me permet de continuer à travailler ici en Belgique. J’y puise de l’énergie et je la transmets ici. Et vice versa : j’aime travailler beaucoup en Belgique pour économiser des heures de vacances afin de pouvoir aller en Afrique. C’est un système subtil de don et de contre-don qui me rend très heureux.

Mon ami africain, le psychiatre Serge, m’a appris que nous devrions tous prendre soin de notre « propre santé mentale » avant tout. Au fond de nous, nous savons tous ce dont nous avons besoin et ce qui nous fait nous sentir vertueux. Nous pouvons le reconnaître et ne pas avoir peur de nous faire plaisir de temps en temps. Nous sommes ce que nous sommes et c’est très bien ainsi. Grâce à mon travail en Afrique, je suis devenue ma meilleure amie.

En tant qu’infirmière psychiatrique, il y a toujours cette dimension supplémentaire

Véronique : Nous sommes des experts hautement qualifiés qui ont reçu une formation scientifique et une formation clinique. Nous travaillons à la fois de manière autonome et au sein d’une équipe pluridisciplinaire. De plus, nous disposons d’un réservoir d’expériences que nous nous transmettons les uns aux autres. Et il y a toujours cette dimension supplémentaire : nous recherchons et voyons les liens entre le physique, le psychologique et le social. Nous assumons la responsabilité de l’ensemble. Nous ne nous contentons pas de soigner une blessure, nous prenons soin d’un être humain.

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur le travail psychiatrique de Véronique et sur l’impact qu’elle a sur les patients d’Afrique victimes de violences de guerre, lisez son rapport d’expérience ici.

 

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