Patrick Ngaboyeka : infirmier c’est un don et une vocation

Pour Patrick – infirmier en chef en chirurgie et bloc opératoire en RDC Est – être infirmer c’est sa mission :  » Devenir infirmier est une vocation. Par moments c’est très lourd, pourtant ce serait impensable pour moi de ne pas le faire : j’ai toujours voulu soigner des patients. ».
A l’HGR de Mubumbano, il a accompli 6 missions en chirurgie et bloc opératoire avec Médecins Sans Vacances. A son tour, en tant qu’expert-volontaire, il accompagne, partagent ses compétences et ajustent les gestes de ces collègues.

Comment feraient les patient·es sans les infirmier·ères ?
C’est incontestable, ces soignants sont un maillon essentiel dans les soins.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 50 % des professionnels de la santé dans le monde sont des infirmières. Et saviez-vous qu’un·e infirmier·ère est présent·e dans 80 % des missions de Médecins Sans Vacances (MSV) ? D’ailleurs, 40% de nos expert·es-volontaires font ce métier. Qu’il s’agisse d’un départ de Belgique ou d’un pays voisin d’Afrique ; qu’il s’agisse d’une équipe composée uniquement de collègues africains ou d’une équipe mixte se réunissant sur place… sans infirmier·ères, nous ne pourrions pas accomplir complètement nos missions !

Parce que le 12 mai est LA journée internationale qui les met à l’honneur, Médecins Sans Vacances s’est entretenu avec ceux et celles qui sont au chevet des patient·es.

MSV : Pourquoi le rôle d’un infirmier est-il essentiel pour mener à bien une mission MSV?
Patrick : Le domaine médical étant interdisciplinaire demande un travail en commun entre médecin, infirmier, et les autres disciplines, pour bien prendre en charge les patients.  Il y a toujours différentes tâches spécifiques pour un infirmier d’où pourquoi sa présence est très nécessaire. Et dans une mission, c’est le partage d’expérience avec son homologue qui est le plus important. On échange, on s’améliore, on se développe. C’est comme cela qu’on peut faire avancer la qualité des soins.

MSV : Quelles sont les qualités nécessaires pour être infirmier ?
Patrick : C’est avant tout une vocation. En ce qui me concerne, il faut de la compassion et de l’empathie envers les patients, de la patience et de de la tolérance. Il faut s’adapter et être flexible. Avoir de l’amour envers les patients.
Bien entendu, il faut de l’amour pour ce travail, de la connaissance, un esprit d’équipe et de collaboration et surtout savoir bien communiquer.

MSV : Pourquoi est-il important pour vous de participer aux missions avec MSV ?
Patrick : Ce qui me motive c’est de participer à l’amélioration des soins en renforçant les compétences de nos homologues et améliorer l’organisation des soins dans nos structures partenaires ici au Kivu. Echanger sur nos expériences et le contexte pour améliorer les soins. Aussi aider à ce que la prise en charge des patients soit meilleure.

MSV : Quels sont les types de gestes ou de compétences que vous transmettez lors d’une mission ?
Patrick : Cela dépend du contexte et du niveau des infirmiers·ères qui sont aux services de chirurgie et bloc opératoire. Mais par exemple, je leur apprends comment faire un drainage sous aspiration à l’aide d’une sonde nasogastrique et une seringue de 60cc si on n’a pas un drain de Redon (tube utilisé pour le drainage après une opération chirurgicale pour recueillir les liquides postopératoires). C’est une façon de faire quand nous n’avons pas le matériel. Surtout cela permet d’éviter les risques d’infection après l’intervention.
Selon le contexte aussi, je leur montre comment faire plusieurs des boîtes de pansement permettant de disposer des matériels pour deux ou trois jours parce qu’on ne dispose pas toujours la possibilité de stériliser chaque jour. C’est mieux que d’utiliser une boîte deux ou trois fois sans être ré-stérilisée. Cela limite les infections.
Et puis, on met en place un chariot d’urgence aux soins intensifs qui est toujours utilisé comme en salle de réveil ainsi on facilite le travail, on gagne du temps et on peut mieux soigner les patients. On met aussi en place une check liste opératoire pour la sécurité du patient …

MSV : Vous échangez vos expériences lors des missions, qu’est-ce que vos collègues vous ont transmis lors de missions ?
Patrick : Les infirmier·ères que l’on accompagne lors de missions m’ont appris le travail dans des conditions difficiles. Ce n’est pas simple ! Aussi le courage et la force de toujours apprendre, ne jamais abandonner malgré le contexte.

MSV : Quel résultat ou impact pensez-vous avoir eu lors de vos missions MSV ?
Patrick : Je vois une amélioration de la prise en charge des patients grâce aux matériels que MSV a donné. Avoir le bon matériel ou juste le matériel permet de donner de meilleurs soins. D’une mission à l’autre, je vois aussi que ce qui a été transmis reste. Il y a une pérennisation des acquis des homologues.

MSV : Avez-vous eu un·e patient·e qui vous a marqué lors d’une mission MSV ?
Patrick : Je me souviens du cas d’une dame suivie aux unités des soins intensifs qui venait de se faire opérer par l’équipe locale. Pendant notre mission, elle a marquée l’attention de toute l’équipe locale et des experts-volontaires car une ré-opération a été décidée. Elle a pu retrouver sa santé malgré deux opérations très rapprochées. Cette résilience m’a marqué.

MSV : Le 12 mai c’est la Journée mondiale des infirmier·ères, que leur souhaitez-vous?
Patrick : Bonne fête à tous les infirmières et infirmiers du monde, prenons courages dans cette noble carrière que nous avons choisie. Etre infirmier c’est un don et une vocation. LES SOINS INFIRMIERS SAUVENT DES VIES !

Aidez nos collègues africains à rendre accessibles les soins médicaux nécessaires.