Où peut mener le rôle d’ambassadeur
À la fin des années 1980, en tant qu’ancien étudiant, j’ai été invité au Collège Sainte-Barbara à Gand, où l’on m’a demandé de parler de ma profession de chirurgien. Naturellement, j’ai saisi cette occasion pour raconter mes expériences dans les hôpitaux belges et africains. Le roi Baudouin était également présent ce jour-là en tant qu’invité d’honneur et il a parlé à son entourage de « ces hommes qui vont opérer pendant leurs vacances ». Quelques années plus tard, j’ai reçu notre premier budget de la part de la Reine Fabiola, présidente d’honneur de la Fondation Roi Baudouin. A partir de ce moment-là, Médecins Sans Vacances a commencé à travailler avec du personnel permanent ; notre première coordinatrice, une infirmière, a été engagée. Comme vous le voyez, on ne sait jamais où une conférence peut mener….
Communiquer des histoires et des chiffres
Lorsque je présente Médecins Sans Vacances il me semble essentiel d’intégrer deux éléments dans mon récit:
Tout d’abord, je raconte des histoires personnelles, qui attirent les gens et les amènent à se reconnaître en elles. D’autre part, je présente des résultats concrets. Cela permet au public de comprendre que ce que fait Médecins Sans Vacances a un impact réel sur la vie des patients.
Enfin, j’adapte toujours mon histoire au public concerné. Par exemple, si je m’adresse à des femmes belges d’un certain âge, j’aborde le sujet du cancer du sein parce qu’il correspond à leurs propres risques de santé. Je donne ensuite des chiffres globaux sur ce risque de santé et je compare les besoins des patientes africaines à ceux des patientes européennes. J’ai déjà remarqué que cette approche suscite le plus de réactions.
Je raconte souvent l’histoire suivante, qui a eu un impact considérable :
Les enfants qui subissent une intervention chirurgicale en raison d’une poliomyélite ou d’un pied bot doivent ensuite suivre une physiothérapie. C’est indispensable à leur rétablissement. Sans kiné, la chirurgie ne sert à rien, ce qui signifie que nous avons besoin de plus de kinésithérapeutes que de chirurgiens. Pour relever ce défi, nous avons organisé des sessions de formation non seulement pour les professionnels de la santé, mais aussi pour les mères. Nous l’avons fait à l’extérieur, dans le jardin, sur différentes tables, où les mères ont appris différents exercices pour mobiliser leur enfant atteint de polio. Cela a donné lieu à des réactions réconfortantes de la part des petits patients : « Ma maman, c’est mon docteur !
Bien entendu, un exemple de chiffres concrets qui ont permis les missions de Médecins Sans Vacances ne peut manquer :
Lorsque Médecins Sans Vacances a commencé à travailler à l’hôpital de Monvu sur l’île d’Idjwi au Lac Kivu (RD Congo), la mortalité périnatale – pendant et immédiatement après le travail et l’accouchement – était de 8 %. Après plusieurs missions, ce chiffre est tombé à 2%. Au début, il y avait 750 accouchements par an, et vers la fin, ce chiffre avait doublé. Cela signifie que la population locale a de plus en plus confiance en l’hôpital et que le nombre d’enfants décédés est beaucoup moins élevé qu’à l’accoutumée. Y a-t-il une meilleure preuve de la qualité de nos missions ?
L’amour ne demande pas, l’amour donne
Je n’ai jamais demandé d’argent lorsque je vais parler de Médecins Sans Vacances. Lorsque je donne une conférence pour le Rotary, le Lions Club,… sur l’Afrique, je demande à ceux qui m’invitent d’écouter attentivement ceci : « Si le message que les patients en Afrique ont droit à des soins accessibles et de qualité et qu’ils ne les obtiennent pas (suffisamment) actuellement passe clairement, alors une action suivra de toute façon pour faire quelque chose à ce sujet. » Jusqu’à présent, cette méthode de travail a permis de préparer souvent un chèque à l’avance. Je voudrais également remercier toutes les personnes qui nous ont soutenus de cette manière ou d’une autre. Sans vous, Médecins Sans Vacances ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.