En octobre 2023, elle a effectué sa 12ème mission, cette fois dans l’hôpital isolé de Katako Kombe, en RD Congo. Là, elle a mis l’accent sur l’hygiène des services d’urgence.
Pour Chantal Duces, infirmière en hygiène hospitalière, c’est clair : l’empathie, les compétences en communication et la patience des infirmières font toute la différence pour les patient·es. Il est essentiel de pouvoir faire preuve d’empathie à l’égard du contexte local dans lequel se trouvent les hôpitaux partenaires pour fournir des soins de qualité.
Comment feraient les patient·es sans les infirmier·ères ? C’est incontestable, ces soignants sont un maillon essentiel dans les soins.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 50 % des professionnels de la santé dans le monde sont des infirmières. Et saviez-vous qu’un·e infirmier·ère est présent·e dans 80 % des missions de Médecins Sans Vacances (MSV) ? D’ailleurs, 40% de nos expert·es-volontaires font ce métier. Qu’il s’agisse d’un départ de Belgique ou d’un pays voisin d’Afrique ; qu’il s’agisse d’une équipe composée uniquement de collègues africains ou d’une équipe mixte se réunissant sur place… sans infirmier·ères, nous ne pourrions pas accomplir complètement nos missions !
Parce que le 12 mai est LA journée internationale qui les met à l’honneur, Médecins Sans Vacances s’est entretenu avec ceux et celles qui sont au chevet des patient·es.
Chantal : En tant qu’infirmière partant en mission avec Médecins Sans Vacances, il faut être ouvert à travailler dans un contexte culturel et social différent. Il faut faire preuve d’empathie pour les coutumes locales et poser de nombreuses questions pour apprendre à les connaître. D’autre part, vous devez expliquer patiemment aux patients pourquoi quelque chose est ou n’est pas bon pour la santé.
Par exemple, j’ai insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il est préférable que les enfants ne mangent pas d’œufs. En effet, il fait très chaud en Afrique et les œufs sont parfois laissés au soleil pendant longtemps avant d’être cuisinés. Cela augmente le risque de salmonelle, qui peut rendre les enfants très malades.
Parler aux patients et leur faire comprendre les conséquences médicales de certaines habitudes peut leur permettre d’être épargnés par certaines maladies à l’avenir.
À chaque mission, les infirmières tentent de trouver des solutions réalisables dans cet environnement particulier. Par exemple, les moustiquaires devraient être lavées après chaque visite de patient, mais c'est impossible. Ce que l'on peut faire, en revanche, c'est enseigner la systématisation de l'entretien et du nettoyage du matériel. La mise en place d'un calendrier écrit avec des responsabilités claires permet de vérifier si quelque chose a été fait ou non. Par exemple : la première semaine du mois, les lits sont lavés, la deuxième semaine, les porte-sérums, la troisième semaine, les moustiquaires, ..... Les tâches quotidiennes telles que la mise en ordre du chariot de soins, le lavage de la table d'opération, de la table d'accouchement... sont également incluses dans ce programme.
Chantal : Lorsque nous sommes confrontés à des défis, nous nous tournons toujours d’abord vers les infirmier·ères locales. Par exemple, comment gérer le fait qu’il n’y a pas assez de matériel infirmier ? Le personnel soignant appliquent alors de très petits bandages et les scotchent avec de petits morceaux de sparadrap. Elles utilisent également les bandages plusieurs fois.
Lorsqu’il n’y a pas de serviettes en papier pour s’essuyer les mains, on peut aussi se serrer la main et attendre qu’elles sèchent d’elles-mêmes. Oui, ensemble, nous tirons notre plan et faisons passer l’hôpital au niveau supérieur 😊.
Chantal : Un médecin qui part seul en mission, sans le soutien d’un·e infirmirmier·ère, n’obtiendra pas beaucoup de résultats. Par exemple, si des chirurgiens de Médecins Sans Vacances assurent une formation sur les opérations et que les infirmirmier·ères locales ne savent pas administrer les bons soins post-opératoires, il n’y a pas de valeur ajoutée pour le patient.
Non seulement les infirmirmier·ères assistent les médecins, mais le personnel paramédical et les techniciens sont également nécessaires pour mener à bien une mission. Par exemple, que faire lorsque l’électricité d’une couveuse tombe en panne ou lorsqu’un accouchement a lieu la nuit dans l’obscurité ? Il faut alors compter sur le personnel technique et faire preuve d’inventivité. J’ai ainsi assisté à une césarienne pratiquée par un gynécologue muni d’une lampe frontale.
Ce n’est qu’en essayant de comprendre nos collègues en Afrique et en tenant compte de la culture et des coutumes locales que nous pourrons contribuer au développement des soins. Bien sûr, cela signifie aussi que les infirmières doivent être très conscientes des besoins locaux sur le terrain. C’est pourquoi une bonne coopération est nécessaire, et cela commence par le partage d’un maximum d’informations.