La bonne gestion de la pharmacie : une condition préalable au bon fonctionnement de l’hôpital

Les pharmaciens Dominique Beullens et Guido Dhollander, deux experts-volontaires belges de Médecins Sans Vacances, ont dispensé une formation en gestion de la pharmacie au Bénin en novembre 2023. Ils ont commencé leur mission à l’hôpital de Bassila, où ils sont restés cinq jours. Ils se sont ensuite rendus à Savalou-Bante pendant une semaine pour enseigner au personnel de la pharmacie d’autres hôpitaux partenaires béninois. Jamais auparavant les volontaires de Médecins Sans Vacances (MSV) n’avaient travaillé dans ces lieux autour de la gestion de la pharmacie.

Projet pilote

GGuido : C’était la première fois que MSV se déployait sur ce thème au Bénin. Dans le passé, des formations en gestion de la pharmacie ont eu lieu dans d’autres pays où l’organisation est active. Par exemple, les experts-volontaires Dina Vangeluwe et Hugo Meyvis ont acquis beaucoup d’expérience dans ce domaine en RD Congo. Une expérience qu’ils ont largement partagée avant notre départ. Nous leur sommes d’ailleurs très reconnaissants pour les conseils et pour les cours qu’ils ont mis à notre disposition.

Dominique : La gestion de la pharmacie peut sembler peu importante à première vue, mais une bonne gestion n’a que des conséquences positives. Tant pour la situation financière de l’hôpital que pour le patient. Après tout, chaque patient souhaite avoir accès au bon médicament (c’est-à-dire un médicament immédiatement disponible, correctement stocké, non périmé, etc.) ). Et un patient satisfait crée un bouche-à-oreille et revient à l’hôpital. En bref : une gestion correcte de la pharmacie est une condition préalable au bon fonctionnement d’un hôpital.

Structure, ordre et rangement

Dominique : Il existe de nombreux médicaments qui sont composés des mêmes éléments chimiques et qui ont donc le même effet, mais qui sont vendus sous un nom différent. L’un des exemples les plus connus est celui du Paracétamol et du Dafalgan. Apporter une structure logique à la pharmacie implique donc de classer les médicaments par principe actif et non par nom de marque.

« Notre objectif est que toute personne qui entre dans la pharmacie puisse s’y retrouver. Cela nécessite une structure logique, de l’ordre et de la propreté. Lorsque ces bases simples et essentielles sont présentes, les gens font moins d’erreurs et tout se passe mieux. »

Dominique Beullens, pharmacien & experte-volontaire chez Médecins Sans Vacances

Guido : L'existence de conditions de stockage adéquates est bien entendu une condition essentielle. Les médicaments doivent souvent être stockés à une température assez basse. Si le réfrigérateur du dépôt est en panne et qu'il n'y a pas d'air conditionné, les médicaments deviennent rapidement inutilisables.

Deux petits bonheurs en un jour

Dominique : Notre formation a immédiatement porté ses fruits. C’était très agréable à voir. Un participant a déclaré immédiatement après la formation : « Mon objectif est de réduire de 10 % le nombre de médicaments périmés en stock l’année prochaine. Cela crée de l’espace dans l’entrepôt, mais augmente aussi les chances de vendre aux patients des médicaments dont la date de péremption est respectée. »

Un peu plus tard, un autre participant m’a dit que le médecin avait prescrit du Paracétamol à un patient, mais qu’il lui avait donné du Dafalgan parce que ce médicament se périmait plus vite.

Dominique: Ces stagiaires ont donc bien compris le principe : une meilleure gestion des stocks et moins de médicaments périmés. Rappelons que les personnes travaillant dans les stocks de médicaments ont reçu une formation très différente de celle des pharmaciens belges. Comparez-la à celle d’un magasinier en Belgique.

Parier sur le bon médicament

Guido: « Nous soutenons à 100 % la vision de MSV qui consiste à acheter le plus possible le matériel nécessaire au niveau local. Cela vaut aussi pour le matériel biomédical. En effet à quoi sert le matériel belge mis au rebut pour lequel il n’y a pas de pièces de rechange en Afrique et que personne ne sait utiliser ? Il est navrant de constater la quantité de médicaments envoyés aux hôpitaux africains dans le passé et qui étaient déjà presque périmés à l’arrivée. Sans parler du fait que personne ne savait comment les utiliser.


Don de médicaments dont personne ne savait comment les utiliser

Nous avons notamment dressé une liste des médicaments nécessaires que doit contenir une trousse de soins d’urgences dans les services de maternité, d’urgence, de pédiatrie et dans les salles d’opération. Lors de l’élaboration de cette liste, nous avons toujours tenu compte de la réglementation béninoise. Les médicaments seront également tous achetés localement.

Guido Dhollander, pharmacien & expert-volontaire chez Médecins Sans Vacances

Entretenir le feu

Dominique: Nous souhaiterions revenir l’année prochaine dans les hôpitaux de Bassila et de Savalou-Bante pour voir comment sont les stocks de médicaments. Si tout est encore bien rangé, nous aurons réussi notre coup. Quoi qu’il en soit, nous voulons organiser régulièrement une réunion d’équipe avec nos collègues en Afrique. Nous voulons rester en contact et trouver ensemble des solutions aux défis de la gestion de la pharmacie.

Guido: Nos collègues africains qui travaillent dans les stocks et services de médicaments peuvent bien sûr apprendre de nous, mais aussi les uns des autres. À l’hôpital de Savalou-Bante, nous avons passé une semaine à enseigner au personnel de la pharmacie de plusieurs hôpitaux partenaires béninois. Beaucoup d’entre eux se sont vus pour la première fois. Désormais, ils peuvent rester en contact, se consulter et partager leurs bonnes pratiques. Par exemple, un stock peut avoir un surplus d’un certain produit alors qu’il y a une pénurie à un autre endroit. Si des échanges ont lieu là aussi, cette mission peut être considérée comme un succès sur toute la ligne. Tout se résume au slogan que nous répétons sans cesse : « Mesurer, c’est savoir » : « Mesurer, c’est savoir« .

Date de publication : 13.12.24

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