Rosine Niyonizigiye, infirmière du bloc opératoire : « Grâce à ce que j’ai appris avec Médecins Sans Vacances, aujourd’hui, j’ai la joie ! »

« Avant la crise de 2015, je travaillais déjà comme infirmière à l’hôpital de Muyinga. C’est comme cela que j’ai collaboré avec les médecins belges de Médecins Sans Vacances qui venaient au Burundi ». Experts belges et locaux Pour rappel en 2015, le Burundi a traversé une grave crise politique émaillée de violences qui ont fait des milliers […]

« Avant la crise de 2015, je travaillais déjà comme infirmière à l’hôpital de Muyinga. C’est comme cela que j’ai collaboré avec les médecins belges de Médecins Sans Vacances qui venaient au Burundi ».

Experts belges et locaux

Pour rappel en 2015, le Burundi a traversé une grave crise politique émaillée de violences qui ont fait des milliers de victimes dont des centaines de cas de disparitions forcées et de torture. La crise a également poussé à l’exil plus de 40 000 burundais.

« Après la crise, nous avons changé de système. Il a été demandé aux chirurgiens de Bujumbura de venir à l’hôpital de Muyinga pour nous aider à pratiquer de la chirurgie de district parce qu’à cette époque il y avait très peu de chirurgien dans la Province. Les médecins de Belgique sont venus nous former pour le bloc opératoire. Ils nous ont appris tout le circuit du patient par exemple comment accueillir le patient dans de bonnes conditions ».

Nouveau bloc opératoire et projet européen

« Auparavant, nous avions un bloc opératoire qui n’était pas moderne, vraiment simple. Malheureusement l’hôpital n’était pas suffisamment équipé et ils nous manquaient des compétences. On ne savait pas toujours répondre aux besoins pour sauver la vie de patient-e-s, de soulager leur douleur, d’empêcher l’apparition de complications sérieuses ou encore de stabiliser leur état. Alors l’hôpital de Muyinga a plaidé auprès de Médecins Sans Vacances pour nous aider avec le bloc opératoire. Vous nous avez fait un honneur en nous installant un nouveau bloc opératoire. Nous en sommes tellement reconnaissant ! ».

Médecins Sans Vacances possède une longue expérience dans l’implémentation de chirurgie de district et propose une approche qui a déjà fait ses preuves, notamment à l’hôpital de Muyinga. Le personnel est formé au nombre de 3 dont d’un-e médecin généraliste, d’un-e technicien-ne anesthésiste et d’un-e infirmier-e du bloc opératoire. Les formations en chirurgie de district s’inscrivent dans l’objectif du résultat un du programme Twiteho Amagara* à savoir, donner à la population un accès à un système de santé avec une qualité des services améliorée. Une synergie a été créée entre le programme Twiteho Amagara, financé par l’Union européenne et le programme PAORC de la coopération bilatérale belge afin de fournir les compétences chirurgicales.

Transmettre des connaissances

« J’ai commencé mon travail d’infirmière au bloc opératoire puis dans d’autres autres services de l’hôpital comme infirmière. Après avoir travaillé aux urgences pendant 6 ans, j’avais très envie de retourner au bloc opératoire car je commençais à oublier les gestes ».

« Les médecins disaient que ça n’allait pas au bloc opératoire sans Rosine ! ». En effet, Rosine a le cœur et l’attention d’accueillir les patients qui sont souvent état de stress. Elle les réconforte et les accompagne à chaque étape.

« Ensuite, j’ai été sélectionné par les autorités pour mon dynamisme et la façon dont je gérais mon travail au bloc opératoire, aussi comment j’accueille les patients ». Cela fait maintenant 12 ans que Rosine est au service du bloc opératoire. Depuis l’implémentation du nouveau bloc opératoire et des formations, la qualité des soins a beaucoup évolué. Notamment dû aux nouveaux matériels comme le matériel de stérilisation, les instruments de chirurgie, le matériel d’anesthésie ou encore la lampe scialytique.

« Grâce à Médecins Sans Vacances, le circuit du patient est devenu vraiment une très bonne chose. Le staff et le patient rentrent au bloc par des entrées différentes. Il y a un circuit précis et des règles à suivre. Ce qui me permet de bien recevoir le patient. Avant c’était le personnel de surface qui les accueillaient ! ». Le rôle de l’infirmière de bloc est très complet car elle accompagne le patient dès son arrivée jusqu’à son chevet tout en assistant la transmission des instruments et la chirurgie. Ce rôle clé d’accompagnement et d’assistance permet d’une part de rassurer le patient et d’autre part, d’assurer des soins de qualité. L’impact est positif car la satisfaction du patient se ressent.

« Il y a des patients un peu angoissés qui me disent : ‘c’est bon, je veux que tu restes tout près de moi’ et moi je dis : ‘mais oui, je reste’. C’est le plus beau cadeau pour une infirmière quand un patient vous dit cela ! Ce sont des bénédictions ! ».

Elle constate aussi un changement de qualité des soins en termes de stérilisation grâce à un nouvel autoclave. « Avant, nous n’étions pas certains que tout était bien stérilisé. Il y avait des infections post-opératoires à cause de cela. Aujourd’hui, on peut dire merci à Médecins Sans Vacances, car nous n’avons plus de problèmes d’hygiène et de désinfection ».

Rosine est une infirmière de bloc qui est passionnée : « Mon souhait comme d’autres infirmières de Muyinga, c’est de voir comment cela se passe dans d’autres hôpitaux et d’améliorer mes connaissances par le biais d’une formation à l’extérieur du pays. Cela nous permettrait de trouver d’autres solutions  et partager nos connaissances».

« Médecins Sans Vacances nous a montré qu’un bloc opératoire, c’est comme un lieu sacré. Pour donner des soins de qualités, il y a des règles à suivre. Par exemple, il ne faut dépasser la ligne rouge d’entrée du bloc. Il faut bien suivre les étapes du circuit du patient et de la chirurgie ».

Avec son sourire et ses yeux qui brillent, Rosine affirme : « Grâce à ce que j’ai appris et ce que je compte apprendre avec Médecins Sans Vacances,  aujourd’hui, j’ai la joie ! »

 

*Une synergie a été établie entre le programme Twiteho Amagara, financé par l’UE, et le programme PAORC de la coopération bilatérale belge pour l’enseignement des compétences chirurgicales.

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