Dr Kash Marcellin Karubara : “Les échanges entre experts médicaux resteront toujours essentiels”

Renforcement Après son Master en santé publique à Anvers (Institut de Médecine Tropicale) en 2012, il est envoyé au Burundi pour mener à bien les missions de Médecins Sans Vacances. A cette époque, ceux qui étaient envoyés en mission dans les hôpitaux partenaires étaient principalement des volontaires de terrain en provenance de la Belgique. C’était […]

Renforcement

Après son Master en santé publique à Anvers (Institut de Médecine Tropicale) en 2012, il est envoyé au Burundi pour mener à bien les missions de Médecins Sans Vacances. A cette époque, ceux qui étaient envoyés en mission dans les hôpitaux partenaires étaient principalement des volontaires de terrain en provenance de la Belgique. C’était plus de missions à caractère humanitaire.

A partir de 2013, Médecins Sans Vacances a décidé de changer d’approche et s’orienter vers le renforcement des capacités. C’est à ce moment que Dr Kash Marcellin Karubara a commencé à travailler à temps plein comme médecin conseiller pour la région des Grands Lacs (RD Congo, Rwanda et Burundi). “Depuis lors, nous travaillons sur base du trajet (parcours) de renforcement des capacités du partenaire. Ces trajets  sont élaborés en collaboration avec les hôpitaux partenaires. Le partenaire est au centre. On l’accompagne dans une auto-évaluation afin d’identifier les besoins prioritaires pour le bon fonctionnement, afin d’offrir aux patients les soins de bonne qualité. Ainsi, les l’hôpitaux partenaires sont renforcer sur les aspects médico-techniques, organisationnels et équipements biomédicaux en rapport avec les nouvelles compétences acquises. C’est une approche dans laquelle, je me retrouve. Les prestataires de nos hôpitaux (médicaux comme paramédicaux) reçoivent des formations et à leurs tours, ils transmettent ces connaissances à d’autres collègues et s’occupent ensuite eux-mêmes de leurs patients dans leurs zones de responsabilité.”.

Médecins complémentaires

Avec ce changement d’approche, l’accent fut d’avantage mis sur le renforcement des capacités à travers les échanges de connaissances. “Depuis 2015, à la suite des évènements politico-sécuritaires au Burundi, (les frontières ont été fermées et nous ne pouvions donc plus accueillir de médecins étrangers). Nous avons alors cherché localement les personnes adéquates (utilisation de l’expertise locale.). Une évaluation externe a été faite et a démontré la plus-value de cette expertise locale. L’Afrique n’est plus ce qu’elle était il y a 20 – 30 ans. Il y a maintenant une expertise dans différents domaines généraux. L’avantage est qu’ils s’adaptent plus facilement au contexte local, ils parlent le Kirundi ou le Swahili. Cela favorise évidemment l’apprentissage de nouvelles connaissances. En plus, cette approche permet un transfert facile des patients entre l’hôpital partenaire et celui de l’expert. La continuité des soins et le bon suivi des patients envoyés à l’hôpital tertiaire, car ils en connaissent les conditions).”.Cela signifie-t-il une fin prochaine des missions belges ? Le Dr Kash MarcellinKarubara lui-même médecin, pense que les deux peuvent coexister, et que les experts belges et locaux peuvent travailler de manière parfaitement complémentaire. Par exemple : pour des formations spécialisées avec expertise non disponible localement, formation des formateurs, échanges d’expériences entre experts.

Fierté

Cela fait maintenant 8 ans qu’il travaille comme représentant local. “Je suis fier de ce que notre fantastique équipe a accompli ces dernières années. Comme le financement européen de 1 500 000€ que nous avons obtenu en 2019 pour un projet de 3 ans.  Ce qui a notamment permis d’investir dans intégration de la de santé mentale au Burundi et travailler sur conditions de travail dans nos hôpitaux partenaires (amélioration du circuit du patient au bloc opératoire selon les normes, avoir un bon service de stérilisation). Nous avons aussi uniformisé les protocoles d’urgences pédiatriques pour toute la province du Sud Kivu (deux fois la taille de la Belgique, ndlr). Avant, chaque hôpital faisait les choses à sa manière. Ces protocoles ont un grand impact sur la réduction de la mortalité des enfants en situation d’urgences (savoir prendre la bonne décision et pose des bons gestes). D’autre part, le Ministre de la santé publique du Burundi a demandé à tous les acteurs d’harmonier l’approche de renforcement des capacités des hôpitaux de district en chirurgie de district. C’est la méthodologie de Médecins sans Vacances qui a été retenue comme référence Ce qui est un couronnement de toutes ces années de travail. Nous avons aussi mis en place d’autres actions nécessaires, comme l’achat local de médicaments. Ceux-ci venaient auparavant presque uniquement de Belgique.” MSV a contribué au financement des audits sur la qualité des médicaments dans les centrales nationales de distribution des médicaments ou les grossistes locaux de la région. Ils sont faits par Quamed.

Vers l’autonomie

En tant que relais entre les autorités locales et Médecins Sans Vacances, la reconnaissance en tant qu’ONG étrangère reste un sujet épineux pour le docteur “Au Burundi nous bénéficions déjà d’une reconnaissance officielle, mais au Rwanda et en RDC par exemple pas encore. Cela signifie que certaines actions que nous entreprenons dans des hôpitaux ne sont pas soutenues par le gouvernement local. Considérez cela comme un débat normatif. Une fois un accord convenu, cela favorisera une appropriation, la durabilité et le travail à long terme dans les hôpitaux.”. Cette durabilité reste aussi précaire à cause des investissements limités des différentes autorités dans les soins de santé.

Ces investissements ne sont pas pour demain, mais même s’ils existaient, les échanges entre experts médicaux restent essentiels. C’est pour ça que j’aime travailler avec Médecins Sans Vacances, une telle collaboration nous permet en tant qu’africains de ne pas rester dépendants de l’Occident, et de nous préparer à l’autonomie.

Texte: Ann Palmers

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