Des bénévoles experts qui travaillent dans un contexte difficile
Rigobert Zoungrana est un ingénieur biomédical, travaillant dans l’un des plus grands hôpitaux de référence du Burkina Faso dans la capitale Ouagadougou. En plus d’être engagé auprès de Médecins Sans Vacances depuis novembre 2021, il est responsable de l’Unité Travaux et Maintenance du CHU Yalgado OUEDRAOGO depuis octobre 2019. Il travaille dans le secteur de la maintenance biomédicale depuis 2008.
Richard Zongo a déjà 13 ans d’expérience professionnelle dans la maintenance biomédicale. Depuis 2019, il travaille au Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique du Burkina Faso à la Direction des Infrastructures, des Equipements et de la Maintenance (DIEM). Comme Rigobert, il est expert bénévole depuis 2021.
Les deux bénévoles experts retirent une grande satisfaction de leur contribution à l’accessibilité et à l’amélioration des plateaux techniques dans les centres de santé des partenaires. Ils sont convaincus que leur soutien est nécessaire pour parvenir à des soins de santé de haute qualité. L’équipement biomédical est après toutvital pour la prévention, le diagnostic, le traitement, le suivi des maladies et la réhabilitation des patients. Ils sont attachés au maintien de ce matériel, malgré le contexte très difficile. Après tout, depuis plusieurs années, il existe un risque sécuritaire élevé dans presque tout le Burkina Faso en raison d’attentats terroristes, ce qui a conduit à des millions de réfugiés internes. Seules la capitale Ouagadougou et la deuxième ville Bobo-Dioulasso sont moins dangereuses. C’est pourquoi Médecins Sans Vacances ne soutient actuellement que les hôpitaux de Dô (situé à Bobo-Dioulasso) et de Houndé (situé à 100 km de Bobo-Dioulasso). Nous comptons sur ces volontaires experts pour effectuer les expéditions, mais prenons toujours les précautions nécessaires et nous surveillons de près la situation sécuritaire.
Maintenance des équipements biomédicaux au Burkina Faso
Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays africains, la maintenance des équipements biomédicaux est un problème majeur en raison du contexte et du système de santé dans lequel évolue le pays. La situation est complexe à cause de :
– l’hétérogénéité et la faible qualité des équipements médicaux
– le manque de conditions préalables au bon entretien des équipements (mauvais bâtiments,…)
– l’accès limité aux pièces de rechange et aux consommables
– la formation limitée des techniciens et des utilisateurs
– le faible budget d’entretien.
Les équipements présents sont généralement mal entretenus et sont souvent hors d’usage ou obsolètes. Lorsqu’un équipement ne fonctionne plus à 100%, il est souvent mis de côté et non utilisé faute d’entretien.
Richard : « En 2011, le gouvernement burkinabé a créé la Société d’Etat pour la gestion des équipements biomédicaux, dénommée La Société d’Etat pour la Gestion de l’Equipement Biomédical (SOGEMAB). Cependant, cette société n’a pas encore été en mesure d’assurer correctement la maintenance et l’achat d’équipements médicaux publics. »
Richard:
Le nombre de techniciens et d’ingénieurs biomédicaux reste insuffisant par rapport aux besoins des hôpitaux. De ce fait, seuls les centres hospitaliers régionaux et les centres hospitaliers universitaires disposent d’une unité de maintenance opérationnelle.
Valeur ajoutée de la formation du personnel de deux hôpitaux
Richard : « En juin 2022, une mission de maintenance biomédicale avait déjà été envoyée à l’hôpital de Houndé. De nombreux équipements ont alors été remis en service. L’art est bien sûr de faire fonctionner ce matériel réparé. C’est pourquoi Médecins Sans Vacances a paru opportun, dans un second temps, de mettre en place des formations spécifiques sur la maintenance des équipements biomédicaux pour le personnel à suivre.
En 2020, une mission de maintenance biomédicale a été envoyée à l’hôpital de Dô. Cet hôpital bien équipé bénéficierait donc également d’une formation (rafraichissante) en maintenance biomédicale. Il a donc été décidé d’organiser une formation conjointe sur la maintenance biomédicale fin septembre à l’hôpital de Dô – à la fois pour le personnel des hôpitaux de Dô et de Houndé.
Sept employés de l’hôpital de Dô (une infirmière du bloc opératoire, une sage-femme, un radiologue et 3 infirmières, toutes travaillant dans un service différent)et trois membres du personnel de l’hôpital de Houndé (travail dans le bloc opératoire, la maternité et la salle post-opératoire) beaucoup appris en dix jours. L’avantage de cette approche est quadruple. De cette façon:
– les participants peuvent échanger leurs expériences afin qu’ils puissent apprendre les uns des autres
– effet synergique se produit
– les ressources financières sont optimisées
– créer des effets durables.
Objet de l’envoi
Rigobert:
L’objectif que nous avions en tête était d’enseigner à tous les participants comment effectuer la maintenance préventive et curative des équipements biomédicaux.
Rigobert : « Dans le domaine curatif on peut penser : à la maintenance des concentrateurs d’oxygène, lampes d’examen, aspirateurs et stérilisateurs. Dans le domaine préventif : moniteurs multiparamétriques, tensiomètres électroniques, lampes opératoires, tables de réanimation pour nouveau-nés, … Nous avons également enseigné comment vérifier adéquatement le bon fonctionnement du circuit électrique d’un bâtiment d’urgence et nous avons mis un accent particulier sur l’entretien des équipements utilisés à la maternité, au bloc opératoire et au service dentaire. »
La connaissance est diffusée plus loin
Richard : « Nous avons déjà entendu dire que les participants partagent immédiatement leurs connaissances acquises sur le lieu de travail. Cela nous fait grand plaisir.Afin de garantir la continuité des soins, il est nécessaire que tous les collègues d’une même équipe soient capables d’effectuer une maintenance poussée des équipements. Après tout, les membres de l’équipe se relaient (tôt, tard, le soir). Pour l’instant, les compétences en maintenance préventive notamment seront affûtées, car le besoin de maintenance curative – grâce à notre formation et à la précédente mission à Houndé – ne s’est pas encore fait sentir.