Supervision au Sud-Kivu

Dans la province du Sud-Kivu en RD Congo, Médecins Sans Vacances (MSV) soutient six hôpitaux partenaires et un centre psychiatrique. Nous renforçons le fonctionnement de ces sept institutions de soins de santé mentale non seulement en organisant des missions et des formations, mais aussi en jouant un rôle fondamental dans la supervision. En effet, la supervision permet d’identifier les faiblesses dans la prestation des soins de santé et permet aux hôpitaux d’apporter des améliorations ciblées, conduisant à une meilleure qualité des soins. 

Supervision normative et formative

Il existe différentes approches de la supervision dans les hôpitaux :

    1. Le contrôle normatif qui se concentre sur le respect et la conformité aux normes et standards établis.
      Par exemple : contrôles de qualité, audits, inspections par les organismes d’accréditation. Les mêmes normes s’appliquent à tout hôpital, quel que soit le niveau du plateau technique dont il dispose ou le niveau de formation de son personnel soignant.
    2. La supervision formative qui se concentre sur l’orientation, le soutien et le développement professionnel.
      Par exemple : séances de retour d’information, coaching, mentorat, formation en cours d’emploi. La méthodologie de la supervision formative humanise, contextualise et adapte le renforcement des capacités de la personne supervisée.

     

    Supervision formative dans nos hôpitaux partenaires

    Les structures de soins de santé soutenues par Médecins Sans Vacances sont supervisées par le Bureau Diocésain des Œuvres Médicales (BDOM). Ce mandat de co-gestion a été confié par le gouvernement congolais.
    Des conventions de collaboration sont fait annuellement entre le BDOM et le bureau local de Médecins Sans Vacances à Bukavu. Le BDOM nomme des superviseurs qui assurent la supervision formelle de 4 domaines différents : la santé mère et enfant, le laboratoire, l’hygiène hospitalière et la maintenance biomédicale.

    La méthodologie de la supervision formative permet aux médecins et aux infirmier·ères d’apprendre et de mettre en pratique les bonnes pratiques sur leur lieu de travail habituel. Ils et elles gagnent ainsi en confiance dans l’exécution des actes médicaux et deviennent autonomes et compétents. Ceci, bien sûr, pour le bénéfice des patient·es.

    Un exemple éloquent de l’effet de la supervision formative en matière d’hygiène hospitalière a eu lieu à l’hôpital de Mubumbano :
    Lorsqu’un superviseur du BDOM est venu expliquer que la mauvaise gestion des déchets biomédicaux pouvait être à l’origine de diverses infections ou blessures pour le personnel de santé et la communauté, des mesures ont été prises :
    La photo de gauche montre la gestion des déchets à Mubumbano avant la supervision de l’hygiène hospitalière. La photo de droite donne un aperçu de la situation après la supervision.

Paysage divisé

Comme mentionné, Médecins Sans Vacances travaille avec le BDOM pour contrôler le fonctionnement de ses hôpitaux partenaires. D’autres acteurs (ex : les programmes santé du gouvernement et bureau de la division de la santé, UNICEF, Médecins Sans Frontières,…) travaillent souvent avec d’autres partenaires et/ou d’autres méthodes et outils pour contrôler les hôpitaux dans lesquels ils opèrent. Cela est inefficace et entraîne une surcharge de travail pour les directeurs médicaux des hôpitaux.
Il y a donc actuellement un manque important d’harmonisation et de coordination dans le « paysage » de la supervision des hôpitaux généraux de référence et des centres de santé dans les secteurs public et privé à but non lucratif.

 

L’union fait le pouvoir

Médecins Sans Vacances a organisé un atelier à Bukavu du 12 au 14 juin 2024 dans le but de trouver des solutions à la division actuelle en matière de supervision. Cela permettra d’améliorer la qualité et l’accessibilité des soins.
Nous avons organisé cet atelier en collaboration avec la division provinciale de la santé à travers le bureau appui technique et le BDOM, les programmes santé mentale et de reproduction. Des partenaires techniques et financiers ont également été impliqués pour une approche systémique.

Les personnes ressources et tous les participants ont plaidé pour la réduction de l’écart constaté entre la norme en matière de supervision et les réalités de terrain en contextualisant les approches de supervisions dans les zones de santés, d’aller vers des approches plus « libres » avec de la place à l’autonomie et la réflexivité des superviseurs et supervisés.

L’atelier a permis aux intervenants de s’aligner sur les démarches à entreprendre pour harmoniser les méthodes de la supervision. Ce sont de nouvelles bonnes pratiques qui seront mises en place et qui permettront une fois de plus d’améliorer la qualité des soins.

 

Date de publication : 15.07.24

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