Monique se donne pour mission de voir réellement les patients et le personnel soignant

Bien que les infirmières aient généralement un rôle de soutien et de facilitation dans les soins hospitaliers, leurs interventions peuvent faire la différence entre la vie et la mort. En tant qu’infirmière opératoire, l’experte-volontaire Monique van Milaan veille à ce que les patient·es soient opéré·es dans un environnement sûr et stérile.

En avril 2024, Monique a effectué son dixième voyage de mission. Cette fois-ci, elle s’est rendue à l’hôpital de Popokabaka pour soutenir les soins d’urgences obstétriques et néonatals. Monique nous en dit plus sur l’impact des infirmières sur les patients, sur ce qui l’attire dans son travail et sur la façon dont elle a vu le rôle de bénévole pour MSV évoluer au fil des ans.

Que feraient les patients sans les infirmières ? Il ne fait aucun doute que les infirmières sont un maillon essentiel de la chaîne des soins.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 50 % des professionnels de la santé dans le monde sont des infirmières. Et saviez-vous que dans 80 % des missions de Médecins Sans Vacances (MSV), une infirmière est présente ? 40 % de nos experts-volontaires sont des infirmières. Qu’il s’agisse d’une mission en provenance de Belgique ou d’un pays africain voisin ; qu’il s’agisse d’une équipe composée uniquement de collègues africains ou d’une équipe mixte se réunissant sur place… sans infirmières, nous ne pouvons pas mener à bien nos missions !

Alors que le 12 mai est LA journée internationale en l’honneur des infirmières, Médecins Sans Vacances s’est entretenu avec celles qui travaillent au chevet des patients.

Du passé au présent

Monique : Dans les premières années, les volontaires de Médecins Sans Vacances travaillaient de manière traditionnelle. Le chirurgien occidental qui venait opérer en Afrique voulait une infirmière occidentale pour l’assister. Aujourd’hui, nous, les volontaires, avons un rôle de recul. Nous encourageons et responsabilisons le personnel local afin qu’il puisse administrer les meilleurs soins aux patients.

Avant une opération, nous nous efforçons de déterminer ensemble ce qui est nécessaire pour la mener à bien celle-ci. Nous discutons en détail de ce que nous allons faire exactement et des instruments nécessaires. Nous réunissons souvent des ensembles d’instruments de base pour travailler de manière efficace et hygiénique. Cela nous évite de devoir chercher des instruments pendant l’opération. C’est un gage de tranquillité d’esprit.

Ce dont je suis le plus fière, ce sont les évolutions qu’a connues l’équipe de volontaires de Médecins Sans Vacances. Au cours des premières années de ma mission, des médecins occidentaux et moi-même avons enseigné plusieurs procédures médicales à des médecins et infirmières africains locaux. Aujourd’hui, je rejoins des équipes de médecins et infirmières africains lors de missions dans d’autres hôpitaux africains.

Les infirmières préparent les blocs opératoires et sont toujours occupées à garder tout l’équipement nécessaire stérile et sûr pour effectuer une opération avec succès. Si nous ne sommes pas là pour surveiller tout cela, les patients pourraient mourir d’infections, etc.

Vous avez toujours le temps de regarder quelqu’un dans les yeux

Monique : C’est incroyable ce que cela représente pour les patients et leurs proches d’écouter leurs histoires, même si nous sommes impuissants dans certaines situations. Pleurer ensemble et faire sentir aux gens qu’ils ne sont pas seuls peut être extrêmement soulageant.

L’attention, le fait de voir vraiment quelqu’un est si important. Le contact avec les gens est essentiel. C’est aussi pour cela que j’ai choisi le métier d’infirmière. Même si on doit souvent travailler vite, on a toujours le temps de regarder quelqu’un dans les yeux, de le rassurer, de le toucher, de le connecter. Il faut prendre le temps pour cela.

Lorsque j’ai effectué un voyage missionnaire à Ciriri, en République démocratique du Congo, nous avons dû traverser l’unité de soins intensifs pour nous rendre au bloc opératoire. À chaque fois, nous passions devant Joseph, un petit garçon brûlé. À chaque fois, je m’arrêtais pour voir comment il allait et discuter avec lui. Au cours de cette garde, nous avons également rencontré une jeune fille souffrant d’inflammations massives dont elle allait malheureusement mourir. Elle venait également dans notre salle d’opération pour changer ses pansements. Souvent, je m’asseyais à côté d’elle et nous dessinions pendant un moment. Cela ne me prenait que quelques minutes, mais cela faisait toute la différence pour ces enfants.

Faire preuve de créativité avec ce qui est disponible et ce qui ne l’est pas

Monique : Nous avons appliqué un jour un pansement d’aspiration à une femme qui avait été hospitalisée pendant un an en raison d’une plaie qui ne cicatrisait pas. Ce type de pansement permet d’aspirer très légèrement la plaie en permanence, ce qui permet aux tissus de se reconstituer. Nous avons pu le faire à l’aide d’une petite pompe à vide et d’un pansement que nous avons attaché avec du film alimentaire, ce qui a également permis de maintenir l’aspiration. Cette femme s’est complètement rétablie.

Je me souviens aussi avec émotion de l’arrivée de nouveaux lits à l’hôpital. Ces lits ressemblaient beaucoup aux lits d’hôpitaux que nous connaissons en Belgique, où la tête de lit peut être relevée. Nous avons opéré un patient qui avait une énorme blessure au pied. Après l’opération, son pied devait être maintenu en l’air, et il a donc été mis au lit dans l’autre sens. La solution simple de retourner ce patient était si efficace et si inventive (rires).

Les ingrédients de la réussite d’une mission

Monique : Je pars en mission dans différents hôpitaux en Afrique et je suis là pour observer et écouter le personnel local. Ensuite, nous cherchons ensemble une réponse à la question : « Que pouvons-nous faire pour le patient dans cette situation avec les outils dont nous disposons ? » Je veille toujours à ne pas juger les situations avec des lunettes occidentales, ce qui est parfois très difficile.

Il est tellement important de travailler avec une équipe de volontaires qui peuvent s’identifier et oser parler du grand malaise qui accompagne les imperfections auxquelles nous sommes confrontés. C’est la seule façon de persévérer. C’est un art de se contenter de ce que l’on parvient à signifier. J’ai vraiment dû apprendre cela.

 

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