Sensibilisation à la drépanocytose à Katako Kombe en RD Congo

Les maladies peu connues sont souvent mal diagnostiquées, ce qui entraîne une forte mortalité (infantile). L’une de ces maladies est la drépanocytose. En mars 2024, trois expert.es-volontaires de Médecins Sans Vacances ont sensibilisés le public à cette maladie tropicale négligée.

Catherine Struyf, infirmière en pédiatrie, Dr Sabine Bleyaert, pédiatre, et Willy Kalusana, technicien de laboratoire, ont conscientisé la communauté de Katako Kombe.

 

Qu’est-ce que la drépanocytose et où se manifeste-t-elle ?

La drépanocytose est une maladie génétique héréditaire qui touche les globules rouges. Elle engendre des déformations des globules rouges en forme de faucille qui deviennent fragiles et rigides. Ces anomalies favorisent l’anémie, des crises vaso-occlusives douloureuses et un risque accru d’infections.

Comme les drépanocytes ne peuvent pas tourner correctement dans le sang, ils peuvent rester coincés dans les veines et former un caillot. Le sang ne peut alors plus circuler correctement. Cela peut être très douloureux et déclencher des crises ou des attaques de douleur chez les patients. Les cellules drépanocytaires rouges absorbent également moins bien l’oxygène, ce qui peut entraîner une anémie et un jaunissement des yeux. La maladie est associée à une espérance de vie réduite. En effet, les organes peuvent tomber en panne parce que les globules rouges ne transportent plus l’oxygène avec le temps.

Patient atteint de drépanocytose : ses yeux sont jaunes, sa langue est blanche en raison de l’anémie et il est très fatigué.
© Linelle Deunk

L’ origine de cette maladie se trouve dans les régions tropicales où sévit la malaria. La présence du gène de la drépanocytose dans ces régions est un exemple de sélection naturelle. Ce gène offre une protection contre le paludisme, car le parasite qui en est à l’origine ne se développe pas aussi bien dans les globules rouges en forme de faucille. En conséquence, pas moins de 3 % de la population de l’Afrique subsaharienne souffre de drépanocytose.

En raison des migrations, la drépanocytose est aujourd’hui répandue dans le monde entier. Il y a un nombre important de patients en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Toutefois, dans les pays riches, l’espérance de vie des personnes atteintes est nettement plus élevée que dans les régions pauvres. Cela est dû au dépistage néonatal, au suivi clinique et à la prévention de la septicémie et des lésions organiques. Dans les régions plus pauvres, la plupart des patients meurent dans la petite enfance. On estime qu’entre 50 et 80 % des patients nés avec une drépanocytose en Afrique mourront avant l’âge de 5 ans. (Source: The Lancet Haematology)

 

L’inconnu est mal-aimé

La drépanocytose est insuffisamment connue en Afrique subsaharienne, ce qui entraîne des erreurs de diagnostic et une mortalité (infantile) élevée. La drépanocytose étant incurable, les mesures préventives sont essentielles. Il suffit de penser à une alimentation et une boisson adéquates, à l’hygiène générale des mains, à la prévention des infections, au contrôle correct de la fièvre, etc.
Plus la prévention est précoce, plus elle permet de retarder la survenue et de réduire la fréquence des évènements de santé délétères.
Malheureusement, les patients – souvent des enfants – sont souvent diagnostiqués trop tard et ne sont donc pas dirigés à temps vers des hôpitaux spécialisés.

La sensibilisation à la drépanocytose est donc une nécessité absolue. D’autant plus que les personnes atteintes de cette maladie sont souvent stigmatisées comme « possédées par le diable » en raison des chocs de douleur qu’elles subissent. Nos expert·es-volontaires ont donc tenté de sensibiliser un groupe aussi large que possible : les patients et leurs familles, le personnel de l’hôpital et les habitants de Katako Kombe. Avec le directeur de l’hôpital, ils ont donné des informations sur la drépanocytose à de nombreux auditeurs de la radio de la région.

Parier sur la région de Katako Kombe

Médecins Sans Vacances collabore avec l’hôpital Katako Kombe depuis 2008. Ces dernières années, l’accent a été mis sur les soins d’urgence et la pédiatrie.

Katako Kombe est situé au centre de la RD Congo, à environ 1 200 km à l’est de la capitale Kinshasa. Les patients qui arrivent à l’hôpital proviennent d’une zone de santé couvrant plus d’un quart de la superficie de la Belgique. Comme certains patients doivent parcourir jusqu’à 200 kilomètres à pied ou en moto avant d’arriver à l’hôpital, ils arrivent souvent en mauvais état.

C’est aussi l’une des régions les plus pauvres de la RD Congo. De nombreuses personnes renoncent à se rendre au centre de santé par manque de moyens financiers. Comme les habitants placent souvent leurs espoirs dans les médecins traditionnels, ils contractent souvent des intoxications supplémentaires. Raison de plus pour sensibiliser la population à cette région.

Date de publication : 15.07.24

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