Le fait que ces experts-volontaires, qui excellent dans différents domaines et viennent de différents pays, aient travaillé ensemble a permis d’améliorer considérablement la qualité des soins.
De gauche à droite : Dr Paulin Kapaya (chirurgien expert-volontaire), Dr Rachel, David (instrumentiste), Kristel (infirmière experte-volontaire)
Des spécialités variées au sein d’une équipe mixte
L’équipe qui s’est rendue à Popokabaka en octobre dernie était composée de 3 experts-volontaires congolais (un chirurgien, un infirmier anesthésiste et un ingénieur biomédical) et de 3 infirmières belges (respectivement spécialisés en : bloc opératoire, service de chirurgie hospitalière et hygiène hospitalière).
Kristel Vermoesen faisait partie de l’équipe. Elle travaille actuellement comme infirmière plâtrière (orthopédie) et spécialiste du traitement des plaies à l’hôpital général Jan Portaels de Vilvoorde.
C’était la troisième fois qu’elle se rendait dans cet hôpital, situé à quelque 400 kilomètres de Kinshasa. La zone de santé de Popokabaka compte environ 150 000 – 200 000 habitants, 28 centres de santé et ne possède qu’un seul hôpital. Le fait qu’un éventail aussi large de spécialités ait travaillé au cours de cette mission – chirurgie de base, hygiène hospitalière et maintenance des équipements biomédicaux – représente une énorme valeur ajoutée pour les patients des alentours. En effet, le fait de travailler dans différentes disciplines a un impact sur la qualité de la prise en charge des patients dans la zone de santé en y formant le personnel. Si l’on ajoute à cela le fait que les experts-volontaires africains étaient capables de communiquer dans la langue locale, on comprend que la présence de cette équipe diversifiée a été précieuse pour les patients.
De l’avant gauche à l’arrière gauche : Justin Kimbien (expert-volontaire & infirmier anesthésiste), Mboso (infirmier anesthésiste local), Kristel Vermoesen et Ortwin Bode (infirmières)
Construire en confiance
Kristel : « Je pense qu’il est important de mentionner que plusieurs missions ont déjà eu lieu dans cet hôpital, ce qui signifie que beaucoup de choses. Par exemple, l’organisation du bloc opératoire était déjà assez bien en place. Les missions précédentes ont été effectuées par des experts-volontaires belges et africains. Et pendant la période du Covid, celles-ci ont été exclusivement assumées par des experts-volontaires africains.
En outre, Médecins Sans Vacances suit attentivement cette évolution. De cette façon, vous pouvez aller plus loin, vous savez où se situent les défis et quels sont les objectifs concrets encore à atteindre. Comme nous avons appris à nous connaître lors de ces briefings, il y avait déjà une connexion. Dans notre groupe mixte, tout le monde s’est donné à fond pour le même objectif c’est-à-dire : fournir des soins de qualité au plus grand nombre de patients possible. Et il y a eu beaucoup de rires et de discussions. Cela a énormément aidé à soulager la pression de cette mission, surtout sur le plan psychologique car nous recevions souvent des patients très malades qui avaient été envoyés tardivement par les centres de santé. »
Quand un service fonctionne bien…
David, un instrumentiste local, se tient devant des tambours de stérilisation. Il contient le matériel stérile (y compris les combinaisons stériles, les champs stériles pour couvrir le patient et la table du bloc opératoire)
Kristel : « Comme les choses se passaient bien dans la salle d’opération et que l’hygiène de l’hôpital était raisonnablement bonne, du temps a été libéré pour aider Malou, un des experts-volontaires, dans le service de chirurgie. Cela nous a permis de superviser plus de personnel local dans le service de chirurgie que ce qui était initialement prévu. Il a également été permis de visiter d’autres départements, nous donnant un aperçu du fonctionnement de la pharmacie, de la comptabilité et du laboratoire. Toutes nos conclusions à ce sujet, nous (tous les experts-volontaires) les avons partagées à table le soir et le matin, puis nous avons essayé d’élaborer des solutions structurelles. »
Construire des moments d’apprentissage informel
Kristel : « Au bloc opératoire, le chirurgien Paulin demandait régulièrement : « Alors Kristel, ça se passe bien ? Que peut-on améliorer ? ». Ma réponse à cette question a constitué un moment d’apprentissage informel pour l’ensemble du groupe. Nous avons joué cette scène plus d’une fois. En plus, nous avons remarqué que ces scènes ont créé beaucoup de dynamique par la suite, et que le staff a également discuté et réfléchi à cela entre eux. »
Kristel aide à enfiler la blouse chirurgicale du chirurgien Paulin.
Les patients peuvent bientôt se réveiller dans le calme et la sécurité
Kristel : « L’un des objectifs que nous avions en tête pendant cette mission était de réorganiser la salle de réveil. Actuellement, cette salle est composée de deux lits et de deux moniteurs qui se trouvent dans une armoire. Ils avaient fini là à cause d’un vol. Lorsqu’il s’est avéré qu’un des deux moniteurs ne se chargeait plus, on a fait appel à Ghislain, l’expert-volontaire biomédical congolais. Ghislain a expliqué à un technicien local comment réparer ce moniteur et où trouver les pièces appropriées. Des pièces de rechange très spécifiques seront apportées par Ghislain lors de sa prochaine mission. Depuis la Belgique, nous fournissons les dispositifs d’aspiration appropriés. Ainsi, les patients pourront bientôt se réveiller dans une salle de réveil équipée. »
Des défis (structurels) restent à relever
Kristel : « Tous les experts-volontaires ont observé que beaucoup de travail avait déjà été fait à Popokabaka. Par exemple, tout fonctionne bien au bloc opératoire, l’utilisation des dossiers patients est bien établie, … Néanmoins, il reste encore beaucoup de travail à faire. Il suffit de penser au laboratoire qui n’est pas suffisamment équipé pour effectuer les tests sanguins nécessaires à l’établissement d’un diagnostic correct. D’autre part, le nombre de patients qui se rendent dans un hôpital où une mission a lieu est plus élevé que dans des circonstances normales. Encore aujourd’hui, il faut beaucoup de temps pour que les patients soient orientés par les centres de santé, ce qui fait qu’il est souvent trop tard pour les aider. »
Nous essaierons de relever tous ces défis en équipe, chaque expert-volontaire et membre du staff médical ayant sa propre spécialité et/ou son propre parcours. Car ensemble, nous sommes plus forts pour relever ces défis et atteindre notre objectif de fournir les meilleurs soins à un plus grand nombre de patients.
#TogetherWeCare4HealthCare
Note éditoriale : les photos de cet article ont été prises par Ann-Sophie Deldycke, une photographe professionnelle de Bruges qui a accompagné la mission de chirurgie générale et d’hygiène hospitalière en RD Congo en octobre dernier.